L’énergie, une denrée rare…

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L’accès de l’humanité à l’énergie est certainement l’un des principaux défis auquel devra répondre un monde en croissance. Car qui dit croissance dit production accrue de biens en tout genre (aussi bien alimentaires que manufacturiers ou même intellectuels comme les ordinateurs) et qui dit production accrue dit sources d’énergie supplémentaires.

A l’heure actuelle, le monde ne dispose globalement que de quelques sources d’énergie : le charbon, le pétrole, le nucléaire, le gaz. A elles seules, ces sources d’énergie représentent près de 86% des ressources primaires (c’est-à-dire avant transformation) d’énergie répartis à 33% pour le pétrole, 27% pour le charbon, 21% pour le gaz et 6% pour le nucléaire.  Le monde « renouvelable » n’est donc pas celui dans lequel nous vivons…

Les 15% restants se composent de la combustion de déchets, de la biomasse à hauteur de 11%, de l’énergie hydraulique à hauteur de 2% et le résidu des énergies dites « renouvelables » que sont l’énergie solaire, éolienne, la cogénération ou la géothermie.

Si l’on s’intéresse à l’évolution de ce qu’on appelle le mix énergétique, on peut constater qu’entre le 1er choc pétrolier de 1973 et aujourd’hui, la part du pétrole a reculé (passant de 46% à 33%) au profit du gaz et du nucléaire majoritairement. On l’explique simplement en se rappelant la frayeur des pays occidentaux qui n’avaient « pas de pétrole mais avaient des idées » pour parer à cette dépendance du pétrole.  Somme toute, c’est positif d’un point de vue environnemental, le gaz et le nucléaire étant de 2 à 20 fois moins émetteurs de gaz à effet de serre que le pétrole.  

L’autre constat, c’est que les besoins en énergie ont considérablement augmenté. Pour les mesurer, on utilise généralement la tep (tonne équivalent pétrole) qui « convertit » le potentiel d’une énergie en « énergie pétrole ».  En 1973, c’est près de 6 115Mtep que le monde consommait ; en 2008, ce chiffre a doublé pour s’établir à 12 267Mtep. Il faut donc aller chercher toujours plus de ressources pour satisfaire la consommation en gardant en tête un principe physique fondamental : rien ne se perd, tout se transforme. En d’autres termes, en consommant de l’énergie pour produire des voitures par exemple, elle est « transformée » et n’est donc plus à disposition… ce qui pose le problème de l’épuisement des ressources.

Où en sommes-nous à ce stade ? C’est l’une des choses les plus difficiles à évaluer : entre les pays  ou entreprises producteurs de matières premières qui ne divulguent que rarement leurs données pour faire toujours en sorte que la demande dépasse l’offre (et donc que les prix de marché ne s’effondrent pas), les nouvelles technologies qui permettent d’exploiter des gisements toujours plus difficiles d’accès ou avec des meilleurs rendements, les découvertes non encore réalisées…

En 1973 à titre d’exemple, les pays producteurs de pétrole estimaient que 35 ans plus tard, les réserves de pétrole seraient entièrement consommées. 35 ans plus tard, force est de constater que les estimations des uns et des autres prévoient la fin du pétrole dans… 35 ans voire plus ! Néanmoins, si l’on se réfère à des ordres de grandeur et en restant sur des hypothèses de croissance comparables à celles que le monde a connu depuis l’après guerre et à technologie actuelle, on évalue la fin du pétrole à quelques décennies, la fin des ressources en uranium à plus d’un siècle et la fin des réserves de charbon à quelques siècles. Ce ne sont bien sûr que des simulations mais cela permet de comprendre que l’homme consomme bien trop rapidement ce qu’il a à disposition pour avoir une croissance soutenable et durable à une échelle de temps comparable à celle du l’humanité (de l’ordre de quelques millions d’années dirons nous).

Ajouté à cela, cette consommation d’énergie littéralement exponentielle et insatiable va se trouver confronter à une problématique qui pourrait bien remettre l’ordre établi en doute : le réchauffement climatique. Qu’on le pense dû exclusivement ou non à l’homme, on ne peut nier que l’influence de l’homme est majoritaire sur cette envolée des taux de concentration des gaz à effet de serre dans notre atmosphère depuis la révolution industrielle. J’aurais l’occasion d’y revenir mais le point de non-retour (moment à partir duquel la « machine s’emballe ») semble proche, d’ici quelques années, quelques dizaines d’années tout au plus.

Dès lors comment concilier croissance économique et démographique mondiale avec développement durable et conservation de notre environnement ?

A travers des analyses régulières et des prises de position, c’est la question sur laquelle je tenterai d’apporter un éclairage dans les prochaines semaines…