Réforme des collèges : sections européennes et classes bilangues menacées

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Le Gouvernement a décidé de conduire une réforme du collège en 2016. Parmi les volets de cette réforme, l’apprentissage des langues est particulièrement concerné. Particulièrement concerné ou disons plutôt particulièrement menacé. Le gros de la réforme concerne la suppression envisagée des classes européennes (enseignement renforcé d’une langue étrangère dès la 4ème voire la 6ème puis apprentissage d’une matière dans cette langue au lycée) et des classes bilangues (2 langues apprises dès la 6ème). La Ministre de l’Éducation juge ces classes « trop élitistes » et propose en contrepartie de leur suppression d’introduire la langue vivante 2 dès la 5ème (au lieu de la 4ème précédemment).

On le voit souvent et cela se ressent dans tous les classements internationaux, les petits français sont médiocres en langues étrangères. Cela n’est pas uniquement du à la qualité de l’enseignement reçu à l’école ou au volume d’heures dispensées (même si celui-ci est trop faible) mais également à la faible place que prennent les langues étrangères dans notre quotidien : les programmes TV sont généralement en français plutôt qu’en version originale sous-titrée, tout comme la majorité des films au cinéma… Cela joue énormément.

Pourtant, plutôt que de s’appuyer sur les expériences qui marchent, comme les sections européennes ou les classes bilangues, la Ministre choisit les supprimer au nom de l’égalité. Pour ma part, j’appelle cela du « nivellement par le bas ». Ces classes ont permis à des centaines de milliers de jeunes de sortir du système éducatif avec un niveau de langue correct, indispensable dans nos sociétés mondialisés.

Je souhaite faire partager ici mon expérience personnelle à titre d’illustration. Collégien, je n’avais pas souhaité intégrer une section européenne : les langues n’étaient pas ma grande passion, je préférais les maths ou la physique 🙂

En arrivant au Lycée François Premier, ma perception était différente. J’avais compris l’intérêt de pouvoir bien parler les langues étrangères, à commencer par l’anglais. J’ai donc suivi tout au long de mon lycée une section européenne anglais. Nos cours d’histoire-géographie étaient dispensés pour moitié en anglais et moitié en français. Notre quota d’heures d’anglais était également plus important que d’autres classes. L’évaluation au baccalauréat s’est faite par un oral d’histoire-géographie en anglais (les sujets sur lesquels j’étais tombé étaient la guerre de Corée et le maccarthisme aux Etas-Unis, la chasse aux sorcières communiste largement encouragée par le directeur du FBI de l’époque, J.E Hoover) tandis que l’épreuve écrite était en français (le sujet était la Guerre Froide, que nous avions étudié en classe en anglais !). L’enseignement dispensé devait être bon puisque j’avais obtenu 15/20 à l’oral d’histoire, 19/20 à l’écrit d’histoire et 19/20 d’anglais ! Comme quoi, les classes européennes, ça marche !

Cette expérience m’a servi pour la suite de ma carrière ; en 2009, je suis allé habiter 4 mois à Londres, dans le cadre d’un stage que je réalisais chez Vinci. Le niveau d’anglais acquis au lycée, puis en classe préparatoire, m’a permis de travailler dans une langue étrangère, sans que cela soit gênant. L’anglais est aussi indispensable lorsque, comme moi, on aime voyager à l’étranger. Quel plaisir de pouvoir échanger et se faire comprendre à l’autre bout du monde ! Quel plaisir de pouvoir partager les cultures respectives !

Sacrifier l’enseignement des langues étrangères chez les plus jeunes est une hérésie. Fontainebleau, ville internationale de part son histoire et ces établissements scolaires, se doit d’être en première ligne dans ce combat. Le collège international se mobilise pleinement dans les médias (comme ici sur Europe 1). Nous, bellifontains, devont être aux côtés de tous ceux qui veulent voir cette réforme évoluer vers plus d’apprentissage des langues et non vers un coup de rabot linguistique généralisé. L’attractivité de notre ville et de ses établissements en dépend.