Point de vue : 2010, l’année de la reprise ?…

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 Cher tous,

La France, comme tous les autres pays du monde, est frappée de plein fouet par la crise. La crise est l’une des plus importantes que le monde ait jamais connu et certainement la plus grave depuis que nos démocratie traditionnelles occidentales existent : crise financière, crise économique, crise institutionnelle et politique.

Crise financière, bien sûr, avec les excès du capitalisme financier. Certes, il a permis de créer une richesse incroyable en peu de temps (depuis les années 80 le PIB a augmenté en volume [càd en tenant compte de l’inflation] d’environ 2% par an). Il a permis à des centaines de millions de gens voir enfin poindre les effets positifs du développement : de 1 milliard de riches à 5 milliards de pauvres en 1980, nous sommes passés à 1 milliard de riches, 1 milliard de pauvres et 4 milliards de personnes en voie de sortir de la pauvreté. Ces effets, nous ne pouvons les nier. Néanmoins, il s’est laissé abuser lui-même : à partir du moment où les spéculateurs ont fait leur apparition, la machine s’est enrayée. Schématiquement, certains pariaient sur des actifs sans pouvoir assurer les risques en cas de défaillance… C’est ainsi que certains en sont venus à parier sur la faillite d’un Etat (cf la Grèce) et en ont retiré quelques milliards. Un tel comportement, en plus d’être économiquement inefficace, est moralement impensable, il doit donc être banni. L’ensemble du spectre politique converge sur cette question.

Crise économique, c’est l’effet le plus visible du « domino ». Une crise de confiance qui affecte les marchés financiers (principaux pourvoyeurs de capitaux nécessaires aux investissements) et se répercute ensuite dans l’économie réelle. Les investisseurs ne se pressent plus au portillon, les acheteurs également, les banques rechignent à prêter. Bref, la machine s’enraye… et les conséquences sociales se font ressentir. Le taux de chômage par rapport à mai 2007 a plus que doublé aux Etats-Unis, a été multiplié par 2,5 en Espagne, a augmenté de 50% au Royaume-Uni, de plus d’1/3 dans la zone euro et de plus de 20% en France. C’est un peu la roulette : quand tout va bien, le plein emploi est là, en revanche il faut être capable d’accepter les conséquences quand la boule tombe sur la case « tout va à la banque »… Est-on prêt à « jouer » ainsi au XXIème siècle ? La question mérite d’être posée.

Crise institutionnelle ensuite, car c’est tout un équilibre mondial qui est en jeu. On sent un vent de panique monter des Etats, contraints de se porter à la rescousse des banques car elles sont « too big to fail » (trop grosses pour couler). Si cela a été peu le cas en France (les prêts consentis ont rapporté 2 milliards d’euros), certains Etats ont mis la main à la poche et vont continuer de le faire avec tous les problèmes d’acceptabilité engendrés (comme en Islande). Je m’inquiète aussi de la montée de certains comportements d’Etats (Israël vs Palestine, les propos de la Grèce qui accusent l’Allemagne d’être raciste, l’Iran, Google et la Chine, pour ne citer que les plus graves…) et des conséquences sur la paix chèrement acquise au lendemain de la IIème Guerre Mondiale.

Crise politique enfin. C’est vrai, le monde n’est plus le même. C’est vrai, on ne peut pas faire la politique de l’autruche et refuser de voir quand les choses vont mal. Les grecs sont les premiers de la zone euro à l’expérimenter (avec un mois entier où les fonctionnaires n’ont pas été payés tout de même !) mais d’autres pourraient suivre comme le Portugal, le Royaume-Uni et certainement la France. Il faut s’y préparer et arrêter de crier au loup toutes les 2 minutes : ce n’est pas en tapant sur les employeurs que le climat social s’adoucira, c’est en étant responsable chacun à son niveau. Les politiques sont là pour ça, pourtant aujourd’hui, la crédibilité des uns et des autres (droite ou gauche) est entâchée par des « affaires » ou des « scandales ». Un peu de mâturité dans le débat politique pourrait éviter les taux d’abstention record aux dernières régionales qui m’inquiètent encore plus que les résultats en eux-mêmes…

Voilà pourquoi il nous faut reconstruire les bases d’un nouveau modèle, plus redistributif et atténuant les inégalités internes (au sein d’un pays) à défaut de pouvoir résoudre toutes les externes (entre les Nations). Fixer des limites aux banques (ratios de solvabilité et taxe sur les opérations financières), asseoir notre croissance sur une assiette durable (de la valeur réelle et créée et non une ligne de sortie sur un ordinateur), réformer les structures sociales inadaptées au XXIème siècle (car n’ayant pas été modifiée depuis 1945, du moins pour la France), repenser l’avenir de notre pays (via une forme de « patriotisme économique ») mais aussi retisser du lien interpersonnel pour que chacun soit fier d’être français. La France, ça n’est pas une machine à café sur laquelle on appuie jusqu’à ce qu’elle tombe en panne ; c’est un système où chacun contribue à alimenter la machine et la répare si elle tombe en panne.

C’est un point de vue sur les choses bien entendu, je ne prétends pas avoir la science infuse. Je crois en tout cas que ce sont quelques données actuelles que chacun devrait garder en tête juste au cas où…

A bon entendeur,

Cédric