Site icon Cédric Thoma – conseiller municipal de Fontainebleau

Le FN, faut-il en parler ?

Cher tous,

Une fois n’est pas coutume, petit coup de projecteur sur l’actualité nationale. Ce weekend a eu lieu le congrès du FN qui a élu Marine Le Pen pour succéder à son père avec plus de 67,35%. Le népotisme made in FN est plus que jamais en marche entre le père qui restera président d’honneur du parti (et gardera ainsi la main sur tous les budgets), la fille qui accède à la présidence et est d’ores et déjà candidate à l’élection présidentielle de 2012, Louis Aliot compagnon de Marine Le Pen et qui sera selon toute probabilité directeur de campagne du FN pour la présidentielle.

Au-delà du non-événement que constitute le congrès de Tours, les politiques de tout bord se demandent s’il faut oui ou non parler du Front National. A mon sens, la réponse est positive, il faut en parler, pour la simple et bonne raison que dans le cas contraire, les électeurs pourraient voter FN sans savoir ce pour quoi ils votent.

Pourquoi continue-t-on d’interroger le FN sur ses thèmes de prédilection comme l’immigration ou l’islam ? Si les constats dressés par le FN sont parfois vrais – personne ne dit le contraire – quelles mesures concrètes le FN propose-t-il ? Avez vous déjà entendu Le Pen dire « regardez ceci ne va pas, voilà ce que nous proposons en regard » ? Jamais. C’est l’unique stratégie du FN : faire peur aux gens, dire « Regardez, la droite comme la gauche n’ont pas réussi à résoudre tous vos problèmes alors élisez-nous et vous allez voir ce que vous allez voir ». Pourtant derrière le « vous allez voir ce que vous allez voir », c’est la coquille vide, le néant inter-sidéral.

Les deux seuls propositions que le FN défend publiquement et sur lesquelles il est d’une constance sans faille sont :

– la sortie de l’euro et le retour du franc

– la sortie de l’Europe en fermant les frontières, en usant de protectionnisme et de préférence nationale

On oublie pourtant de mentionner que la place de la France dans le monde avec ses 65 millions d’habitants n’est rien sans l’Europe. Et l’Europe c’est beaucoup moins sans l’euro. Sans l’Europe et sans l’euro, on aurait déjà eu une faillite définitive de la Grèce, de l’Irlande mais aussi du Portugual et de l’Espagne et croyez-moi, c’est comme le nuage de Tchernobyl, la faillite ne se serait pas arrêtée aux frontières de la France, nous en aurions été largement victimes !

La France hors de l’Europe, c’est plus de la moitié de notre commerce extérieur qui part en fumée et autant de recettes en moins ! La France hors de l’euro c’est un pays qui n’existe plus, à la main des grands, Etats-Unis mais surtout Chine, Brésil et Inde, et toutes les dévaluations de monnaie n’auraient eu aucun effet (car tous les pays auraient fait de même..).

En revanche, faire le choix du protectionnisme et du nationalisme aujourd’hui c’est suivre la même tendance que l’Allemagne en 1933 et risquer d’aller vers les mêmes résultats : la guerre et son horreur. Dans notre économie mondialisée – qui est loin d’être le monde des bisounours ! – le meilleur exemple de pays avec des frontières fermées est la Corée du Nord où famines et pauvreté vont de pair.

Alors oui, les politiques doivent parler du FN pour montrer l’absurdité des propositions d’un parti qui veut faire croire qu’il peut gouverner et oui les médias doivent interroger le Front sur les propositions qu’ils font – l’interview sera rapide au moins… – plutôt que sur les polémiques et dérapages sur les sujets de société !

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