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Le Collectif de la Plaine de la Chambre à fond contre le béton

La presse s’est faite l’écho la semaine passée du collectif de la Plaine de la Chambre. Des riverains mobilisés pour empêcher davantage de bétonisation dans leur quartier. La solution, c’est la révision des règles d’urbanisme de Fontainebleau qui permettent aujourd’hui de densifier et construire plus haut. La Mairie refuse pour l’heure d’entendre parler de cette solution… Le lien vers le blog du Collectif.

Nous reproduisons ci dessous l’article paru dans la République de Seine et Marne le 11 octobre 2023, par Julien Van Caeyseele

Quel projet urbain pour la Plaine de la chambre ? Voici la question que se posent toujours de nombreux habitants de ce quartier du nord de Fontainebleau, visé par une opération de démolitions-reconstructions, qui porte sur la destruction de 130 logements – répartis en maisonnettes et petits immeubles – et 210 reconstructions sur site. 

Un collectif créé par les habitants de la Plaine de la chambre

Un projet porté par le bailleur social FSM, dans le cadre d’une convention tripartite signée avec la préfecture et la municipalité, qui avait été évoqué, en janvier dernier, lors d’une visite de quartier. « Depuis cette réunion, nous n’avons eu aucun retour d’informations, alors qu’un calendrier nous avait été annoncé », rappelle Jan van der Lee, un habitant du quartier et ancien adjoint au maire de Fontainebleau.

Pour mieux se faire entendre, les riverains ont créé un collectif afin de représenter les intérêts du quartier. Depuis une nouvelle rencontre avec le maire cet été, les habitants s’inquiètent de ne pas avoir de nouvelles, d’autant que selon eux, « le permis de construire sera déposé dans les prochains mois. »

Contacté, Julien Gondard, le maire de Fontainebleau, indique « comprendre les inquiétudes », mais estime qu’elles ne sont pour l’heure pas fondées : « FSM n’a pas encore présenté le projet, avance-t-il. Dès qu’ils l’auront fait, je le présenterai aux habitants. Rien ne se passe dans leurs dos, il y a seulement eu un décalage. On ne peut pas parler de permis tant qu’on n’a pas le projet en main ! »

Pour le collectif, cette opération de « densification urbaine » s’appuie sur des considérations opaques. « On nous parlait d’un diagnostic de performance énergétique (DPE) avec une note F, mais ils parlaient de combles non isolés… alors que des travaux d’isolation ont été réalisés par le bailleur lui-même », souligne Francis de Frescheville.

« Ici, c’est un modèle de cité-jardin »

Pour en avoir le cœur net, ils ont même réalisé leur propre DPE qui ressort avec une note E. « Qui peut croire que cela coûterait moins cher de rénover que de démolir ? », s’interroge-t-il. Le collectif évoque d’ailleurs un projet anti-écologique avec l’imperméabilisation du site. Interrogé sur ce point, Julien Gondard insiste : « Qui peut dire qu’il n’y aura pas de verdure, de jardins ou de potager ? Tant que le projet n’a pas été présenté, personne ne peut affirmer quoi que ce soit ».

Outre ces considérations, le collectif redoute de perdre « l’ADN de cette cité-jardin » et craint de voir les locataires déracinés, alors que tous louent la qualité de vie du quartier qu’ils évoquent comme « un modèle de réussite et d’intégration. » À 70 ans, Serge Ferrand connaît bien le quartier pour y avoir passé toute sa vie.

« Ce qui me choque, c’est de ne pas anticiper sur les impacts, se désespère-t-il. On va créer 80 logements supplémentaires et cela aura forcément une conséquence sur la tranquillité, le cadre de vie. Je ne parle même pas des arbres que j’ai plantés et dont je me suis occupé toute ma vie. »

Les riverains veulent une concertation

S’ils concèdent que « certains logements sont dans un état déplorable » et « ne contestent pas la nécessité de réhabiliter certains bâtiments », ils plaident pour une vraie concertation afin de préserver leur havre de paix. Pis, selon eux, si des démolitions doivent intervenir, elles doivent être « justifiées par des bases transparentes. »

« Riverains ou locataires de FSM, nous voulons être associés au projet, renchérit Martine Barranger. C’est nécessaire pour conserver notre qualité de vie. » Et Jan van der Lee d’abonder : « Nous avons des experts au sein du collectif, nous pouvons contribuer de manière positive au projet, mais il faut du temps et ne pas se précipiter dans un projet qui impactera le quartier pour de nombreuses années. »

Une réunion publique programmée « à l’automne »

Les habitants en appellent aux élus : « Ce n’est pas à un bailleur de dessiner le Fontainebleau de demain, surtout que nous représentons quand même un certain nombre d’électeurs, alors nous avons aussi notre mot à dire. »

Contacté, FSM indique que  « la priorité est de proposer un projet viable, cohérent avec les objectifs de la commune et de son PLU et qui répondra aux attentes des locataires à venir, avec des logements aux normes actuelles. » Le bailleur précise qu’une réunion publique sera organisée « à l’automne » pour présenter le projet.

« Ce projet d’intérêt général doit correspondre aux attentes des Bellifontains pour l’accès à un logement abordable, performant au niveau énergétique et répondant aux attentes actuelles, poursuit-on chez FSM. Il est important de ne pas nous précipiter, afin de présenter un projet abouti, cohérent et qui répondra aux besoins. »

Le bailleur, qui assure être « pleinement mobilisé » assure prendre en compte l’ensemble des critères. Et de conclure : « Nous sommes propriétaire de ces terrains et nous agissons en fonction des règles d’urbanisme fixées par la commune et selon les règles de la loi Zan (Zéro artificialisation nette des terres, ndlr), de ne plus utiliser de terrains agricoles pour développer la ville, mais reconstruire la ville sur la ville. »

Renseignements : collectif@pdlc.fontainebleau-demain.fr et pdlc.fontainebleau-demain.fr.

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