Retour sur le Conseil Municipal sous haute-tension (2/2)

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Cher tous,

Un deuxième sujet bouillant était abordé hier soir lors du Conseil Municipal ; il s’agissait de la cession de la Halle de Villars pour y implanter un multiplexe. Depuis maintenant plus d’un an et demi, le maire sortant s’est persuadé qu’implanter un multiplexe était la seule solution pour « sauver les cinémas de Fontainebleau ». Hier soir, le glissement sémantique a été encore plus marqué pour attiser les peurs puisque le multiplexe à la Halle de Villars est devenu « la seule solution pour prolonger la durée de vie de l’Ermitage ».

En clair, le plan proposé par la Municipalité consiste à accompagner un déménagement à court / moyen-terme des cinémas. On nous parle d’urgence vitale ; soit. En attendant, même si la fréquentation s’érode ces dernières années, la situation semble tenable : le chiffre d’affaires au 30/06/2012 s’établit à 1 814 152€ (contre 1 751 920€ l’année précédente) pour un résultat positif de 172 614€ (il suffit de consulter le site Infogreffe pour obtenir ces chiffres publics). De quoi nous laisser un peu de marge, sans se précipiter vers une mauvaise solution.

On voit donc bien suite au Conseil Municipal d’hier qu’il ne s’agit nullement d’un « deuxième cinéma à Fontainebleau » mais d’une « substitution de site dans les mois / années à venir ». Dans un cas identique, à savoir un cinéma de centre-ville et un multiplexe en périphérie de ville, Montereau a tenu 18 mois, Melun un peu moins de 2 ans avant de voir le cinéma de centre-ville fermer.

Faut-il vraiment précipiter les événements ? N’oublions pas non plus, et c’est primordial, que le montage est financé par de l’argent public : la SCI Halle de Villars, dont le gérant est le 1er adjoint au maire de Fontainebleau, est possédée majoritairement par la Société d’Economie Mixte de la Butte Monceau (présidée par le maire de Fontainebleau) à hauteur de 62,5%. Les 5 000 000€ nécessaires à la construction de ce multiplexe seront cautionnés par la Communauté de Communes. En d’autres termes, les contribuables supporteront le risque financier pour une solution défavorable à Fontainebleau !

Le rapport du Centre National du Cinéma explique bien les risques encourus pour l’Ermitage : «  Enfin, en matière d’aménagement culturel, on peut légitimement s’interroger, au regard de la localisation du nouveau projet à la Halle de Villars (quartier excentré de Fontainebleau), sur les risques pesant sur la pérennité d’une activité cinématographique au centre-ville. En effet, la création d’un cinéma moderne, répondant aux attentes du public et accessible aux personnes à mobilité réduite, pourrait, à moyen terme, se substituer à un établissement vieillissant «L’ERMITAGE» présentant des problèmes de stationnement. En outre, la création de ce nouvel établissement pourrait nuire au dynamisme commercial du centre-ville dans la mesure où « L’ERMITAGE » est parfaitement intégré au tissu commercial de la ville. (…) Ainsi,    la         cre?ation         du       « CINEPARADIS »devrait  s’accompagner            d’une            re?novation     de « L’ERMITAGE ». On signalera, ne?anmoins que ce double            engagement (maintien et modernisation de « L’ERMITAGE ») n’est assorti d’aucune sanction en cas de non respect. »

Il semble que ces éléments aient été entendus par une partie des élus de la majorité municipale : Jean-Christophe Laprée, adjoint au maire en charge du patrimoine et de l’urbanisme, certainement le meilleur connaisseur du dossier puisqu’il l’a monté, a voté contre ce projet et une autre élue s’est abstenue. Bien entendu, nous avons voté contre cette solution, mauvaise d’un point de vue économique pour la Ville et risquée pour les contribuables.

La véritable solution (qualifiée péremptoirement de « chimère » par Frédéric Valletoux) consiste à l’extension des cinémas sur Boufflers, avec un parking souterrain en-dessous. Cela confortera le tissu commercial de la Ville ainsi que son activité cinématographique. Un tel projet peut émerger aussi vite qu’à la Halle de Villars, seule la volonté politique fera la différence. C’est un élément de différenciation majeure entre le maire sortant et les autres candidats.